Jour 4 – Mardi 18 août 2015
> Delhi / Varanasi (anciennement Bénarès)
Uttar Pradesh (200 millions d’habitants)
Ce matin, nous prenons le tuc-tuc réservé avec notre chauffeur de la veille pour nous rendre à l’aéroport direction Varanasi (400 roupies la course). Après avoir zigzagué dans le tumulte des rues du centre ville et pris la voie rapide en contre sens, notre chauffeur nous dépose dans un bus qui est obligatoire pour poursuivre la route jusqu’à l’aéroport puisque lui n’a pas le droit d’entrer dans cette zone. Nous attendons 10 heures que le bus démarre un peu stressés de ne pas avoir le temps d’enregistrer nos bagages en soute.
Vol Delhi (Indira Gandhi Intl) / Varanasi (lal bahadur shastri) : 11h / 12h20 (1h20 de vol)
Prix du billet A/R : 75,31€
Finalement, tout se passe bien, malgré quelques contrôles de sécurité, les indiens sont très aimables et nous ne rencontrons aucun problème. Nous partons donc à l’heure. A bord de l’avion les hôtesses de l’air habillées en tenues traditionnelles nous servent un repas indien : un sandwich constitué d’un croissant et fourré avec une préparation salée et épicée. Pour le dessert nous avons un petit cake.
Arrivés à Varanasi, un chauffeur de l’hôtel nous attend et nous achemine jusqu’à l’entrée du centre ville. En route, nous découvrons la campagne indienne où nous croisons de nombreuses vaches en liberté qui marchent à côté de notre voiture, de nombreux écoliers sont aussi sur la route en direction de l’école.
Le chauffeur nous fait descendre avant le centre ville et nous devons finir la route à pied car elle est inaccessible aux voitures. Le centre est très animé entre tuc-tuc, voitures, vaches et personnes à pied ou en scooter, cela donne le tournis. Pour arriver à l’hôtel nous passons par un dédale de ruelles et nous nous demandons comment nous allons nous retrouver dans ce labyrinthe. Nous sommes accueillis par un hôtelier à la limite de l’amabilité et l’un de ses employés nous indique notre chambre. Elle dispose d’un balcon avec vue sur le Gange. Ce n’est pas la chambre dont j’avais rêvé en réservant sur internet mais cela fera l’affaire.
Affamés nous décidons de tester le restaurant de l’hôtel qui s’avérera être l’une des meilleures adresses des vacances. Nous dégustons un délicieux « aalu damkachemir », plat en sauce avec un fromage qui ressemble à du tofu. Le restaurant semble adapter ses plats aux touristes puisque les plats sont relevés convenablement et ne nous laissent pas la bouche en feu, comme la précédente commande à emporter de Delhi.
Après avoir fait une sieste nous réservons nos billets de train vers Agra, la prochaine étape du voyage. Finalement j’annule les billets de train réservés depuis la France avec Cleartrip puisque nous sommes toujours sur la Wait-list et par prudence nous en réservons de nouveaux moins pratiques mais qui nous garantissent d’arriver à destination (nous devons nous rendre jusqu’à la Station Mughal Sarai à 1 heure de taxi de Varanasi pour prendre le train qui nous achemine jusqu’à Tundla, une ville à 27 km d’Agra où nous devrons aussi finir la route en taxi).
Puis, nous sortons découvrir la ville qui semble regorger d’innombrables merveilles. Nous trouvons une banque pour sortir du liquide car tous les commerçants ne prennent pas la carte bleue et nous nous baladons en ville. L’ambiance est colorée par les tenues des habitants, les saris des femmes, les tenues orangées des hommes religieux et les lumières extérieures à la tombée de la nuit. Nous traversons une place avec un petit marché puis nous dirigeons vers le Dashash Wamedh Ghat (Ghat principal de Varanasi) où a lieu une cérémonie religieuse.
A Varanasi, la ville s’organise le long du Gange, fleuve sacré où l’on retrouve de nombreux Ghat, ensembles de marches descendant vers l’eau. Les indiens utilisent ces espaces pour leurs ablutions et y déposent des offrandes. Malheureusement à cette période de l’année, le Gange est en crue et la plupart des marches sont noyées par le fleuve.
Autour du lieu de cérémonie se trouvent différents bateaux à quai sur lesquels on peut monter pour découvrir le spectacle depuis l’eau (200 roupies). Le moment est magique et indescriptible. L’ambiance est tellement particulière et spirituelle que nous en savourons chaque instant émerveillés. Des femmes indiennes se baignent avec leur sari et déposent des coupelles de fleurs flottantes sur l’eau au creux desquelles les flammes des bougies nous permettent de suivre leur dérive sur le Gange. Nous en achetons deux pour nous même les déposer sur l’eau et les voir s’éloigner dans la nuit.
Sur la route du retour nous achetons des habits légers pour la suite du voyage et nous regagnons l’hôtel pour déguster le Thali du chef, repas servi dans un plateau en métal compartimenté.
Hôtel : Ganpati Guest House
Adresse : D3/24 Meer Ghat, Varanasi, 221001, Inde
Tél : +918601677060
Tarif : 7000 roupies les deux nuits : chambre double
Jour 5 – Mercredi 19 août 2015
> Varanasi
Ce matin nous nous levons à 4h30 en espérant trouver une embarcation nous permettant de faire une croisière sur le Gange au lever du soleil. Malheureusement, lorsque nous jetons un œil dehors, le temps est gris et pluvieux, il sera donc impossible de voir un rayon de soleil dans cette couche de brouillard.
Nous décidons tout de même de tenter notre chance pour au moins découvrir la ville depuis l’eau même si la météo n’est pas au rendez-vous, maintenant que nous sommes debout il n’est plus question de revenir en arrière. Nous sortons donc peu réveillés dans la rue et allons au Ghat le plus proche. Étonnamment nous ne voyons que très peu de barques et lorsque nous nous renseignons sur les prix, cela semble tellement exorbitant que dépités nous rentrons nous recoucher.
A 13 heures, après avoir récupéré quelques heures de sommeil nous prenons notre repas au restaurant de l’hôtel. Pancake au chocolat, paratha (crêpes fourrée), Chai masala (thé à base de gingembre, cannelle et lait) et jus de fruit sont au rendez-vous pour le plaisir de nos papilles.
Le ciel s’est un peu dégagé, nous décidons donc de retenter notre chance pour une croisière sur le Gange. Un rabatteur nous conduit au Meer Ghat où après une grosse négociation nous embarquons pour 1500 roupies (ce que nous considérons tout de même comme une arnaque…). Nous pensons négocier une balade d’une bonne heure sur le Gange mais aussi la découverte de plusieurs Ghat et notamment ceux où se déroulent les crémations. Mais nous n’avons pas vraiment le temps de comprendre…
La barque s’engouffre sur le fleuve prise par le courant assez intense. Notre chef de bord ne semble pas très à l’aise, et aidé de ses compagnons, il fait progresser la barque en s’attachant aux pieux enfoncés dans l’eau au fur et à mesure de notre parcours qui reste accolé aux rives. En deux temps trois mouvements nous voila devant Manikarnika Ghat (le Ghat de crémation le plus important), puis le trajet du retour se fait aussitôt de façon plus laborieuse qu’à l’aller puisqu’il faut revenir à contre courant, en empruntant exactement le même chemin qu’à l’aller… Nous trouvons ce spectacle de plus en plus étrange et pensons tout de suite que l’arnaque se profile sous nos yeux. Au moment où nous revenons à terre, soit une vingtaine de minutes plus tard à peine, je ne mâche pas mes mots pour manifester mon mécontentement auprès de notre guide qui soudainement nous apprend que la visite des Ghats sera comprise dans le prix mais que nous irons par la terre… Au point où nous en sommes nous le suivons alors jusqu’à Manikarnika.
Celui-ci prend le temps de nous expliquer les différentes étapes du rituel de crémation, les morts sont tout d’abord trempés dans le Gange pour être lavés de leurs pêchés puis dirigés vers le bucher où ils sont brulés. Plus une famille est riche et plus elle peut acheter de bois pour incinérer comme il se doit son défunt. Ce qu’il reste du corps est à nouveau plongé dans le Gange.
C’est assez étrange et déstabilisant d’être entrainé au cœur de rituel peu commun. Nous ne pouvons plus refuser au risque de vexer notre guide qui semble content de nous faire découvrir sa culture. Il nous conduit ensuite au sommet d’une tourelle qui domine le site de crémation, nous y rencontrons une vieille femme indienne qui attend pour mourir, en effet les personnes mourantes sont laissées à cet endroit en attendant la mort… Autant dire que nous ne sommes pas du tout à l’aise, et avons rapidement envie de partir… Cette vieille femme prend tout de même le temps de nous bénir et nous lui donnons 200 roupies pour qu’elle puisse s’acheter le bois de sa crémation.
Après avoir tenté de nous emmener dans différentes boutiques de tissus de ses amis et s’être confronté à notre refus, notre guide nous conduit jusqu’au Temple d’Or. Il faut laisser ses affaires dans un casier qui ne semble pas vraiment sécurisé et donner de l’argent pour acheter des fleurs qui serviront d’offrandes lors de la visite… C’est hors de question que nous laissions nos affaires comme ça, l’idée que j’y aille seule avec le gourou nous effleure l’esprit quelques secondes, mais nous en avons marre des embrouilles et nous décidons de remercier notre guide pour finir notre visite seuls.
Nous profitons de la fin d’après midi pour faire du shopping et je m’achète un sari dans une boutique d’artisans puis des bijoux sur la place centrale de la ville. Nous nous rendons ensuite au Man mandir Ghat puis revenons sur nos pas pour découvrir d’autres ruelles de la ville et rentrons à l’hôtel.
Toujours désireux de faire une croisière nous nous renseignons auprès du réceptionniste de notre hôtel et c’est là que nous découvrons le pot au rose. En cette période de crue les croisières sur le Gange sont INTERDITES car avec le courant la navigation est beaucoup trop dangereuse !!!! Nous n’en revenons pas de l’inconscience des personnes nous ayant entrainé sur le Gange et comprenons pourquoi la barque ne s’éloignait pas des rives et se déplaçait si difficilement ! Une chance qu’il ne nous soit rien arrivé !
Nous nous remettons de nos émotions en goûtant des Kofta Nargis (viande hachée enrobée autour d’un œuf dur et accompagnée de pommes de terre), le dal (soupe de lentilles), un curry (préparation à base de pommes de terre, de fromage et de curry) et un paratha (pain indien) aux pommes de terre.
Jour 6 – Jeudi 20 août 2015
> Varanasi
Ce matin nous nous levons à 10 heures pour rendre la chambre. Nous déjeunons une omelette accompagnée d’un jus de fruit et du café, laissons nos sacs et allons à pied à l’Assi Ghat un peu plus loin le long du Gange. Le trajet pour s’y rendre est infernal tellement il y a de monde dans la rue. Le soleil tape fort aujourd’hui et le concert des klaxons donne un mal de tête insupportable.
Après avoir découvert un petit Ghat de crémation, nous en découvrons un autre plus grand où on nous propose une excursion sur le Gange. Nous refusons poliment le sourire en coin ! Puis nous trouvons un roof top pour boire un verre (de coca périmé – la date de péremption que nous découvrons après avoir bu le verre nous remue l’estomac) au calme et pour profiter de la vue sur la ville.
Nous revenons à l’hôtel à pied en fin de journée en allant au plus court et efficace tant le bruit de la rue et des conducteurs criant « tuc-tuc » à tout bout de champs réveille ma migraine. Nous profitons de la terrasse de l’hôtel un dernier temps en prenant notre repas du soir avant de rejoindre le taxi, stationné en périphérie de la ville, qui nous attend direction la gare Mughal Sarai.
> Varanasi / Gare Mughal Sarai / Tundla / Agra
Ce sont deux indiens, sûrement de la caste intouchable qui portent nos sacs jusqu’au taxi. Le plus jeune est petit et frêle, mon sac à dos est plus gros que lui ce qui me gêne considérablement. Je compte bien assumer le poids de mon bagage en le portant moi même mais jamais il ne me laissera le récupérer, assurant son rôle de porteur jusqu’au bout, sûrement par peur des remontrances de son employeur qui semble peu commode. Ce moment nous fait désagréablement écho des inégalités en Inde et de la façon dont sont traitées les personnes de la caste la plus basse…
Le trajet jusqu’à la gare est horrible, il est 20 heures et les rues sont bondées de monde, de véhicules, de camions… Notre chauffeur a une conduite qui laisse à désirer me faisant vivre cette course de slalom avec la peur au ventre jusqu’au dernier mètre… La ville de Varanasi ne s’arrête jamais jusqu’à la gare, une vingtaine de kilomètres plus loin… La succession d’immeubles dont la construction n’est pas terminée ne cesse pas, nous traversons de nombreux bidonvilles, prenons des routes longées par des tentes faites de bric et de broc. Les adultes et enfants vivent là, au bord de la route avec un feu de camp en guise de chauffage, à quelques mètres à peine des véhicules et conducteurs sauvages. Le peu d’éclairage public ne participe pas à la visibilité de la route et ne rend le voyage que plus stressant. Même lorsque les deux sens de circulation sont séparés distinctement par un muret central, nous croisons des véhicules à contre sens, à croire que chacun se fait ses propres règle et n’en fait qu’à sa tête.
Contents de sortir enfin de ce voyage en taxi cauchemardesque nous atteignons la gare ferroviaire où par malchance (à priori c’est courant en Inde), le train de 22h17 a 2 heures de retard… Nous attendons dans le hall avec deux allemandes, l’ambiance est pesante, le temps nous fait suffoquer et la propreté du lieu ne nous aide pas non plus à nous sentir à l’aise. Lorsque l’horaire de départ approche nous regagnons le quai n°3 où le train doit arriver, les voies grouillent de rats et de nombreux cafards se baladent tranquillement sur les quais. Au dernier moment une des allemandes comprend que le train arrive voie n°7 et nous avons juste le temps de courir pour monter dans le train avant que celui-ci prenne la route pour Tundla, à 27 km à l’est d’Agra.
Nous savourons le « luxe » de la première classe, soit un confort rudimentaire. La cabine pour deux est propre et la banquette convenable, nous parvenons donc à dormir rapidement éprouvés par nos récentes émotions…